Ma décision

Je suis croyante. Peu importe notre croyance, nos valeurs, notre religion, notre orientation, nos exigences inculquées, notre mode de vie… peu importe, il faut croire, pour nous donner l’espérance.

J’ai pris une grande décision dans ma vie. Évidemment une parmi tant d’autres, mais celle-ci transformera ma vie. Je travaille comme policière à la Sûreté du Québec depuis déjà 20 ans.

À ce moment, j’ai la fin quarantaine. J’ai deux formidables et magnifiques filles venant d’atteindre leur majorité. Par choix, je n’ai pas de conjoint. J’ai ma propriété. Je profite de mon peu de vie sociale pour m’engourdir, pour oublier. Je suis indépendante et fière de l’être. Je vis des épreuves qui vitement seront placées, un à un, dans mon tiroir de l’oubli. Je suis forte et invincible. De plus, j’ai une très bonne profession, qui longtemps fut considérée non-traditionnelle pour la gent féminine. Toutefois, tout au long de ma carrière, j’ai su traverser aisément cette évolution à ce niveau. J’irai rapidement me chercher quelques qualifications et spécialités, question de diversifier mon travail. Et malgré le fait de travailler dans la misère des gens ainsi que toutes leurs histoires de vie qui s’y rattache, étant une fille de peuple, je qualifierai mon travail comme étant le plus beau métier du monde.

La vie avance et je n’ai pas le temps d’arrêter. Je carbure à l’adrénaline et tourne à 200 kilomètres à l’heure. D’ailleurs, ce sera à cette vitesse que je frapperai LE MUR et ce fut presque fatal. La vie s’est chargée de me casser, non pas un, mais les deux genoux. Casser mon cœur et ma raison. Mon fameux tiroir a débordé, même renversé.

2013, je suis en dépression depuis un an et diagnostiquée TSPT (trouble de stress post-traumatique) pour divers événements. Je vis dans la pénombre. Il habite en moi un grand, très grand sentiment de vide, d’épuisement extrême, un mal de vivre indescriptible. Je vis la honte et la solitude. Même en étant entouré de gens, je me sens seule. Je couperai tous ponts avec le monde extérieur. Je pleure, n’ayant plus aucune gérance de mes émotions. Je pleure, et mes pensées sont aussi sombres et obscures que mes nuits. Hors, ce sera durant l’une de ces nuits, brillante dans sa noirceur, que je prendrai ma grande décision, celle qui me sauvera la vie, dans le sens propre du mot.

Sans aucune parole, j’ai quitté mon domicile. C’est avec mon désarroi, ma torpeur, ma tristesse, que je me rendis à ce que j’appellerai ma résidence secondaire : La Vigile. Une maison d’accueil pour intervenants en situation d’urgence.

J’y séjournerai à plusieurs reprises, tant en moment de répit qu’en thérapie. J’y remplirai mon coffre avec les outils indispensables pour reconnaitre mes éléments déclencheurs d’émotions pour mieux les comprendre et les gérer. L’importance de prendre un recul, me recentrer, me donner des buts réalisables. Vivre le moment présent au jour le jour, ne pas anticiper afin de prévenir le stress inutile, faire un Lâcher prise sur des choses qu’on ne peut changer.

J’y aurai trouvé le réconfort, le calme, le repos, ma paix intérieure. J’ai réappris l’importance d’une saine habitude de vie sous tous ses angles. Bref, je m’y suis trouvé. Et plus que tout, J’y ai fait le ménage de mon tiroir de l’oubli, et comme il était profond ce tiroir…

Rien ne change, tant qu’on n’y change rien. La vigile aura été mon sauveur.

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