La vie me donne une deuxième chance.

En 1998, l’abus d’alcool et de stupéfiants m’a conduit à ma première thérapie. Âgé d’à peine vingt ans, j’ai mordu dans la vie à pleine dent. J’ai terminé mes études et j’ai fondé une famille avec un homme généreux et responsable.

En 2004, j’ai sombré dans une dépression post-partum sévère où j’ai dû être hospitalisé. Je n’ai jamais accepté le diagnostic de trouble bipolaire ni les médicaments qu’on m’infligeait. Mais ils m’ont certainement aidé à remonter la pente.

En 2005, je suis engagé comme agente des services correctionnels. J’aime mon métier, mais l’adaptation au milieu est difficile. Les personnes incarcérées te regardent comme de la viande fraîche et te mettent à l’épreuve à chaque occasion. Les collègues de travail ne te font pas confiance. Cette insécurité de ne pas se sentir épaulé a duré pour moi plus de 18 mois.

En 2007, sans m’en rendre compte je suis transformé. Le milieu hostile et négatif de la détention modifie ma personnalité. Je suis une femme professionnelle qui ne s’en laisse pas imposer, qui a une grande confiance personnelle et surtout du contrôle. Contrôle de mes émotions, contrôle des situations critiques, contrôle des protocoles et procédures, contrôle des lois et des règlements. Tellement, en contrôle que ma vie personnelle en est transformée. Je suis alors une femme un peu perdue, je ne m’en rends pas compte. Je vie de grandes remises en question. Je crois que c’est causé par la maturité et que c’est normal.

En 2008, je me sépare. Je me retrouve monoparental à travailler sur des horaires irréguliers. Tout est sous contrôle, je vais bien. J’ai ma carrière, mes enfants, ma maison, des nouveaux amis. J’arrête mes médicaments, je reprends un verre socialement. Je suis fière de ce que je suis, une femme engagée, pleine de vitalité et d’initiative. Je suis libre et j’assume mes choix.

En 2015, mon verre social à fait place à l’isolement, l’anxiété et l’insouciance. Je consomme pratiquement tous les soirs, seule, sans me soucier de la présence de mes enfants ou de mon état du lendemain. Je sombre dans un état dépressif, mon quotidien se résume qu’à boire et travailler. Mon employeur me tend une perche.

Résultat : J’admets que je n’ai plus aucun contrôle. Je demande de l’aide. La vie me donne une deuxième chance. La vigile. Ce fut pour moi une renaissance, un ressourcement. N’ayant pas la crainte d’être confronté à des ex-détenus, je m’ouvre aux intervenants. Ils m’écoutent, me comprennent, ils sont disponibles, je perçois leur confiance, et surtout ils respectent mes besoins malgré que je sois dans un milieu fermé. Les résidents comprennent mes jugements de valeur, mes stress quotidiens causés par mon milieu de travail. J’y trouve un certain réconfort. Je fais des prises de conscience incroyable sur la personne que je suis devenu sournoisement avec les années. Il n’y a pas de mot pour expliquer à quel point mon séjour m’a permis de grandir émotionnellement. Mon contrôle est devenu de la confiance. Mon anxiété est devenue de la résilience. Je vie maintenant dans l’action et je m’épanouie, car j’ai nettement une meilleure connaissance de moi-même. Je travaille toujours dans mon milieu hostile et négatif, mais je réussis maintenant à faire une coupure. J’ai énormément de gratitude envers les soins que La Vigile m’a apportés.

Merci

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